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En Belgique, politique et alcool ne font pas bon ménage

LETTRE DU BENELUX
L’affaire devait, en principe, se régler par un dialogue et la présentation d’excuses, selon une décision du parquet de Flandre occidentale. Conner Rousseau, alors président de Vooruit, le parti socialiste flamand, échappait ainsi à un procès qui aurait sans doute sanctionné des propos qu’il avait tenus sur les Roms, en septembre 2023, lors d’un soir de beuverie. Il les avait désignés comme des « hommes bruns » que seul « l’usage plus fréquent des matraques » pouvait forcer au « respect ». De quoi étonner les policiers de la ville de Saint-Nicolas, appelés pour calmer le tapage nocturne causé par le beau gosse de la politique belge.
Une fois l’incident révélé, celui que la presse avait baptisé « King Connah » est devenu « Zatte Conner » – Conner le poivrot –, un nom générique qui s’applique désormais à tous ceux qui, ivres, ne contrôlent plus leurs paroles. Conner Rousseau a démissionné de la présidence de son mouvement en novembre 2023.
Le jeune ambitieux – il est devenu président de Vooruit à 26 ans, en 2019 –, qui répondait « Pourquoi pas ? » si on l’interrogeait sur la possibilité qu’il devienne un jour chef de gouvernement, se voyait contraint par la justice de visiter un mémorial de l’Holocauste, de suivre une thérapie pour mesurer le sens de ses propos et d’engager un dialogue avec la communauté rom.
Problème : Kham, la principale association rom du pays, a décidé de se retirer de cette procédure. Elle n’acceptera pas d’excuses, faute de connaître l’intégralité des propos que Conner Rousseau a tenus le fameux soir où sa carrière a dérapé. Pour l’instant, la justice refuse de livrer la totalité du dossier et ne commente pas la possibilité de voir un procès correctionnel se dérouler, la médiation proposée étant visiblement vouée à l’échec.
L’incident aura, en tout cas, relancé la question du rapport des politiques belges à l’alcool. Vaste sujet que le célèbre humour national a toujours amené à relativiser, alors qu’on ne compte plus les épisodes tragi-comiques impliquant des politiques de premier plan.
Ainsi, en août 2023, Théo Francken, un ancien secrétaire d’Etat, clairement ivre, était filmé en train d’uriner sur un boulevard, en plein centre de Bruxelles. « Je ne suis qu’un homme, avec des dons et des défauts ; je travaille dur, ceux qui ne m’apprécient pas peuvent voter pour quelqu’un d’autre », se justifiait l’intéressé. Comme un écho aux propos de Conner Rousseau, qui avait confessé : « Je ne suis pas un robot. »
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